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l'église de Nogent
14 mai 2015

Étude sur l’ancienne église paroissiale de Nogent

 

 

Étude sur l’ancienne église paroissiale de Nogent

 

 

 

Avant son transfert à l’église de l’Isle-Adam en 1539, la paroisse dédiée à Saint-Martin-de-Tours dépendait d’une petite et vieille église, en mauvais état, située en haut de la rue Saint-Martin, à l’orée de la forêt, à 50 mètres au dessus de la rue de la Madeleine dans le quartier de Nogent. On pouvait y accéder par un sentier qui existe encore, qui a été aménagé et nommé « Sente de l’ancienne église de Nogent ». Nous allons essayer d’en étudier l’Histoire.

 

sente ancienne église de Nogent

 

Au IXème Siècle, le village gallo-romain de Nogent, Novigentum sur les actes en latin, aussi Nogent en Chambliois (Novigentum cum integritote in Pago Camliacensi situm) ou Nogent sur Oise, faisait partie du Comté de Chambly.

 

Eglise Nogent 1

  Plan Conti vers 1780

 

Relevé des différents titres et chartes de l’église de Nogent

 

 

Dans une charte de partage de biens datée du 19 septembre 862, le roi de France, Charles-le-Chauve, confirme, entre autre, l'attribution de Nogent, "dans le Pagus de Chambly", faite trente ans auparavant aux Bénédictins cisterciens de l’Abbaye Royale de Saint-Denis. La forêt proche s’appelait alors « Forêt de Saint-Denis » puisqu’elle dépendait, elle aussi, de l’Abbaye. Il semble donc qu’une première église fut érigée dans ce petit village. Autour de celle-ci, un vaste cimetière, dit martray, remontant aux époques mérovingiennes et carolingiennes, a probablement accueilli les dépouilles des habitants du village, mais aussi de nombreux moines de cette Abbaye. C’est à cette époque, entre 880 et 926, et particulièrement en 885/886, que les Normands ou Vikings, remontant l’Oise à bord de leurs bateaux, pillèrent et détruisirent par le feu les villages et de nombreux de leurs habitants. Il est vraisemblable que les Normands laissèrent cette première église à l’état de ruine.

 

Diplôme de Charles le Chauve

Diplôme du 19 septembre 862     Wikipédia

 

 

Quelques temps plus tard elle fut reconstruite puisque vers 1120, l’église de Nogent fut rattachée à l’abbaye Saint-Martin de Pontoise avec le tiers de sa grande dîme, la dîme du vin, du lin et celle du chanvre par un don d'Ite, femme de FOULQUES de CHAUDRY. Cette église dépendait alors de l’Évêché de Beauvais.

 

Eglise Nogent 6

 Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise.

 

En 1142, ODON III, évêque de Beauvais, confirma cette donation qui fut ratifiée par le Pape ALEXANDRE III le 13 janvier 1160, puis à nouveau confirmée par une bulle du 13 février 1170.

 

 Eglise Nogent 7

Cartulaire Saint-Martin de Pontoise

 

Adam IV de l’ISLE, Seigneur de L'Isle-Adam, en 1175, fit dons au sacristain de la paroisse pour se fournir en huile et autres besoins, ainsi que divers terres et prés. 

 

Par une bulle du 26 octobre 1245, le Pape INNOCENT  IV confirma que l’église Saint-Martin de Nogent relevait bien de l’Abbaye de Saint-Martin de Pontoise.

 

Dans son testament du 22 juillet 1252, ANSEL III, Seigneur de L’ISLE-ADAM, légua 5 sols de revenu annuel pour l’entretien d’une lampe devant l’autel de Sainte-Marie et 5 sols pour la réparation de l’église de Nogent.

testament ANSEL III

Testament ANSEL III                Archives Nationales

 

Le 22 août 1300, Simon de CLERMONT, évêque de Beauvais, transféra la cure paroissiale de Notre-Dame du prieuré Saint-Godegrand de l’Isle-Adam à l’église paroissiale de Saint-Martin de Nogent. 

 

Le Pouillé du diocèse rédigé vers 1320 précise que la cure de Nogent n’était  pas imposée, que la chapelle du château dans l’ile n’était pas une paroisse et qu’elle dépendait en partie de la paroisse de Nogent et en partie de celle de  Jouy-le-Comte. La Léproserie de l’Isle-Adam dépendait du vicaire de Nogent.

 

Vers 1340, il est noté dans le « Livre de Raison de Saint-Martin de Pontoise » que le Chapelain, Prieur de Nogent, percevait 66 sols et son église 3 sols et 4 deniers qui étaient attribués à l’église de Nogent pour les droits de travers de l’Isle-Adam, c’est à dire ce qui était prélevé sur les marchandises des bateaux passant sous le pont de l’Oise.

 

En 1360, pendant la guerre de Cent Ans, une troupe d’Anglais revenant de Normandie fit de sérieux dommages dans le village de Nogent et l’église fut laissée en un triste état.

 

En 1361, confirmé en 1368, Jeanne, Dame de la Mouche et de Nogent, en partie, percevait un tiers de la dîme de l’église de Nogent, vin, blé, avoine, orge etc ...et le faisait savoir :

 

Dîme de Nogent

 

La dîme, ou dixième, était une redevance réglée en nature ou en argent. Celle de Nogent appartenait par tiers à l’Abbaye de Saint-Martin de Pontoise, au Prieur du Prieuré de l’Isle-Adam et le troisième tiers, au curé de Nogent.

 

Périmètre de la dîme de la paroisse de Nogent : « rue de Louvel – chemin du Martroy – ru d’Orgueil – au dessus du Tillé – ruelle Sancet – l’archet de l’Isle – rue de la Folie.  D’autre : « ru d’Orgueil – ru du Bois – l’archet de l‘Isle – rue de la Folie – rue au clos Jehan de la LOBBE ». D’autre : « Les terres et vignes depuis St Ladre – Les Fournaux – ru du Viveray – Ormetel TRASSART  chemin de Beaumont ».(Ormetel = plantation de jeunes ormes).

 

En 1363, une transaction fut réalisée entre le Prieur de Saint-Godegrand de l’Isle-Adam et le curé de Saint-Martin de Nogent au sujet des mortuaires et obituaires.

 

Louis de VILLIERS, Évêque de Beauvais, désirait la construction d'une nouvelle église au centre du village de l'Isle-Adam. Les travaux commencèrent vers 1490.

 

Cette nouvelle église était loin d’être achevée quand elle fut consacrée en grande pompe par Louis de VILLIERS de L’ISLE-ADAM, évêque de Beauvais, le 20 juillet 1499, en présence des religieux du Prieuré de L’Isle-Adam et du curé de Nogent, Michel DAINCOURT.

 

Un contrat de « délivrance » au profit de l’église fut passé par la famille DAINCOURT et la veuve de Michel CLOPPIN pour 7 quartiers de prés au « Marais » et un quartier au « Pas d’Âne » devant le tabellion, le 2 juin 1528, à la charge de 4 messes des trépassés pour Jean DAINCOURT et ses enfants.

 

En 1539, la cure paroissiale fut transférée dans la nouvelle église au centre de l’Isle-Adam, bien que  les travaux furent loin d'être achevés. L’église de Nogent n’était plus église paroissiale, mais restait en activité comme chapelle. Il est probable qu’il y avait alors moins de cinq cents habitants à L’Isle-Adam, Nogent compris.

 

26 septembre 1540, dans son testament, Nicole DUCHEMIN, prêtre curé de Fontenelle (maintenant Nesles-la-Vallée), donna à l’église 18 perches de vigne pour obtenir une messe basse.

 

Le 26 juin 1544, Gérard BERAUT, par testament, légua à l’église un demi- arpent de terre à Nogent, au ru d’Orgueil (vient des Forgets, passe près de la porte de Beaumont et se jette près de l’écluse), pour obtenir un « libéra » au retour de la procession. Ce testament fut passé devant Michel DAINCOURT, prêtre et curé, issu d’une ancienne famille notable du lieu qui sera le dernier curé de Nogent.

 

13 février 1544, par contrat de donation à l’église de Nogent, Marie LADUOIE donna un arpent de terre sise près de (la léproserie rue) Saint-Lazare pour obtenir une messe.

 

Un autre contrat de « délivrance » fut passé par les héritiers de Marie DAINCOURT, le 16 juin 1544, devant les notaires MICHET et RAULIN pour abandonner au profit de l’église de Nogent 3 quartiers au « Petit Bois »  pour obtenir deux messes hautes.

 

Michel DAINCOURT prêtre et curé de Nogent, d’après les actes postérieurs à juin 1544, fut nommé en sus prêtre et curé de l’Isle-Adam. 

 

 cloche Nogent

Cloche de Nogent actuellement  en l'église de L'Isle-Adam.

En 1544, une nouvelle cloche fut fondue et attribuée probablement à l’église de Nogent. Il y est inscrit : «  ie fus faicte par les habitans de Lile et aden et de Nogen M Vcc XLIIIJ ». (Cette cloche fut ultérieurement retirée de l’église de Nogent et transférée en l’église de l’Isle-Adam. Il était prévu qu’elle soit fondue à Annecy pour le prix du métal, mais son inscription le 14 mai 1924 aux Monuments Historiques à pu l’éviter) Cette cloche, qui mesure 66 cm de haut et 70 cm de diamètre, malheureusement félée, repose actuellement près des fonts baptismaux).

 

6 décembre 1545, par testament reçu par Messire Michel DAINCOURT, curé, Anne LARCHENIQUE, veuve d’Antoine DAINCOURT, légua à l’église 3 sols de rente par an, ainsi qu’une terre d’un demi-arpent sise à Nogent, au lieu dit le « Ru d’Orgueil ».

 

27 mars 1546,  par testament reçu par messire DAINCOURT, prêtre et curé, Jacques FREMONT fit don à l’église de Nogent de 11 perches de prés sis au « Maupas » pour une messe basse.

 

15 février 1547, par son testament, Marie LANOINE légua à l’église un arpent d’une terre sise à Nogent, au lieu dit «  La Maladrerie ».

 

Le 31 mars 1547, Antoine PAULMIERS légua par testament à l’église de Nogent, un demi-arpent de terre filasse sise à Maffliers, à « La porte Dognonette ».

 

Le 10 juin 1548, par testament reçu par Monsieur DAINCOURT, curé, Françoise COUJEPIER, veuve Jean BOUQUET l’aîné, légua à l’église 10 sols de rente par an sur ses biens.

 

21 septembre 1549, Nicolas BOULET légua 40 sols de rente par an à prendre sur un arpent de pré.

 

Le 8 mars 1550, par testament reçu par Monsieur OZEME, prêtre habitué de la paroisse, Radegonde SIMON, veuve de Jean DESCHAMPS, légua à l’église 15 sols de rente par an à prendre sur tous ses biens immeubles à charge de faire dire tous les ans et à perpétuité une prière le jour de la conception de la Sainte-Vierge. 

 

Le 22 mars 1551, un bail fut passé par MASSIN, Curé, et les Marguilliers, à Jacques MALESCOT pour un arpent de friche à Nogent, au lieu dit « La Coste Gaspart ».

 

Le 30 juin 1553, un contrat de fondation fut signé par Ambroise FAUVEL, marchand boucher, et accepté par le sieur MASSIN, curé de l’Isle-Adam, de 10 sols de rente par an à prendre sur 2 arpents, 16 perches de terres sises aux « Crouettes », pour le repos de l’âme d’Agnès FAUVEL, femme d’André LEFEVRE.

 

Suivant un relevé du Parlement de Paris du 6 juillet 1565, Pierre MASSIN fut noté comme Prieur de Notre Dame de L’Isle Adam, Curé de Saint-Martin de L’Isle-Adam et de Nogent. Il cumulait donc les trois charges.

 

Les 15 et 23 février 1567, une copie du testament de Pierre MASSIN, prieur et curé de l’Isle Adam, par lequel il est écrit que dès l’an 1533, il a légué à la dite église 4 livres de rente par an à prendre sur une maison à Nogent, à la « Haute Salle », avec jardin contenant un arpent et demi, plus un pré de 4 arpents au « Puits de la boss », plus 2 coupes d’argent et 2 pièces de tapisserie.

 

date église de l'Isle Adam 1

Date de construction gravée sous la rosace de l’église de l’Isle-Adam.

 

Le 1er octobre 1567, enfin terminée, la nouvelle église de l’Isle Adam fut une seconde fois consacrée à Saint-Martin, comme l’était celle de Nogent, par l’évêque de Philadelphie, dépendant du Cardinal de CASTILLON, et par Oddo de COLIGNY, évêque et Comte de Beauvais, en présence de son curé Messire Pierre MARTIN, de son prieur Pierre MASSIN et du Seigneur de l’Isle-Adam, Anne de Montmorency, Paire et Connétable de France.

 

L’église de Nogent, étant devenue chapelle, continuait à se dégrader et restait sans réparations.

 

réclamation Nogent

 

En 1658 : « requête des habitants de Nogent l’Isle-Adam tendant à ce que la chapelle du dit lieu, ci-devant église paroissiale, mais transférée par ordre de Monseigneur Évêque de Beauvais en l’église neuve du dit l’Isle-Adam, soit entretenue au dépens de la nouvelle église et paroisse nouvelle pour y dire la messe les jours de fêtes et dimanches. Signé CASSANT et autres ».

 

17 juillet 1793, lors de la vente des biens nationaux, l’ancienne église en ruine et son cimetière furent vendus au sieur Emmanuel GOHIER d'ARMÉNON, administrateur du district de Pontoise, pour 1.500 livres. (Il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 11 juillet 1794).

 

Emmanuel GOHIER d'ARMÉNON revendit à François DUBOS, ancien fondeur à Paris, le terrain où se trouvent les « débris en désuétude et masure formant l’ancien emplacement de l’église et chapelle de Nogent », soit 78 perches de terrain, le 9 octobre 1793, pour la somme de 1.200 livres.

 

 

 

Témoignages

 

 

Eglise Nogent 2

Ruine de l’ancienne église de Nogent par RENET-TENER en 1865.  Collection Musée Senlecq à l’Isle-Adam.

 

Dans son ouvrage « Etudes Historiques Archéologiques et Anecdotiques sur la ville de L’Isle-Adam » édité en 1906, Alexandre-Désiré DENISE, ancien maire de Parmain 1876-1878, écrit : « …J’ai vu dans ma jeunesse quelques vestiges des ruines de ce monument, il y a moins d’une cinquantaine d’année. Ces ruines consistaient en quatre vieilles murailles formant un carré allongé qui avait encore en moyenne deux mètres de hauteur. Un pommier assez gros avait poussé à l’intérieur.

Cela paraissait être les restes, non d’une église bien importante, mais simplement d’une assez grande chapelle. 

Je me souviens, au sujet de cette ancienne ruine, d’une ancienne superstition légendaire à laquelle avaient foi la plupart des bonnes gens du pays, surtout les femmes qui croyaient fermement que tous ceux qui auraient l’impiété de toucher à ces ruines pour en démolir seulement un seul moellon étaient certains de périr et que leur mort devenait certaine et inévitable.

Et on citait comme preuve à l’appui que tous ceux qui, en 1793, avaient porté une main sacrilège sur cet édifice, il n’en restait plus un seul, et que tous étaient morts successivement maudits de Dieu et des hommes.

A la vérité, il y avait déjà bien une soixantaine d’années que la chose avait été accomplie, et les impies qui avaient autrefois commis ce sacrilège, auraient dû, en ce moment, être tout au moins des octogénaires, car le plus jeune d’entre eux qui existait encore avait déjà près de cet âge, mais selon les bonnes gens, il n’avait pas été puni de son impiété, parce qu’il n’avait pas encore l’âge de raison quand il avait accompli son forfait.

Les violateurs de l’église de Nogent y avaient trouvé, en creusant le sol, un certain nombre de cercueils en plomb, qu’ils avaient vendu pour la fonte ; on a prétendu aussi qu’ils avaient trouvé des bijoux anciens.

Cette ruine, qui n’avait d’ailleurs rien d’intéressant ni pittoresque, a été démolie par le propriétaire vers 1860.

Monsieur l’abbé GRIMOT, alors curé de l’Isle-Adam, engagea même le propriétaire à déblayer son terrain et à le mettre en culture. 

En 1892, le beau-frère du propriétaire du terrain entreprit des fouilles à cet endroit, dans un but de recherches archéologiques.

Il commença ses recherches dans l’intérieur même de la construction démolie et retrouva la trace des fondations des quatre murailles, mais il ne trouva rien d’intéressant à l’intérieur où il n’y avait qu’un sol bouleversé par des recherches antérieures.

Ayant assisté à ses fouilles avec assiduité, j’y ai fait une remarque très intéressante.

Les pierres des fondations paraissaient avoir déjà servi auparavant à une autre construction. Cela se voyait même si bien que je puis affirmer avec certitude que cette construction avait été faite avec des matériaux de démolition, ce qui donnerait beaucoup de créance à la tradition locale suivante :

D’après cette tradition, l’église de Nogent n’aurait pas toujours été à cet endroit, elle aurait été primitivement plus au nord, vers l’endroit où se trouve construit à présent le château de Cassan (quand on a construit ce château, on a trouvé dans la fouille des fondations, un certain nombre de sépultures mérovingiennes).

D’après la même légende, cette basilique aurait été construite au IVème siècle de l’ère chrétienne, en pleine domination romaine. Il n’y aurait, parait-il, en ce temps là que quatre églises seulement dans toute l’étendue de la Gaule romaine et les chrétiens y venaient assister à la messe de dix lieues à la ronde, entr’autres de Saint-Denis.

Ces vieilles légendes sont bien oubliées  présent, mais autrefois, les paysans se les transmettaient religieusement de génération en génération, en les racontant pendant les longues veillées d’hiver.

A présent, on a bien d’autres distractions pour passer le temps que ces vieilles histoires d’autrefois dont personne ne se soucie plus guère.

D’après mes observations personnelles, il me semble certain que vers le dixième ou le onzième siècle, au plus tôt, l’église de Nogent a été démolie pour une cause ou pour une autre et reconstruite sur un autre emplacement, car sous les fondations du petit édifice, qui a été démoli le siècle dernier, et le  seul dont l’emplacement exact est actuellement connu, il y avait encastré dans le pied de la muraille et sous les fondations, des sarcophages en plâtre de l’époque carolingienne, qui, certainement, avaient été placés là à une époque précédant la reconstruction.

Cette reconstruction de l’église de Nogent a donc incontestablement eu lieu sur un emplacement qui avait servi auparavant de nécropole carolingienne et ne peut être que postérieur à cette époque ».

 

Cet ouvrage fut suivi d’un second l’année suivante :

« …Dans les fouilles faites là en 1888 par M BRUYERE, beau-frère du défunt M GUEUX qui était alors propriétaire du terrain, de fouilles que nous avons suivies avec attention, on a trouvé des sépultures dans des fosses très profondes où il y avait jusqu’à six corps superposés, paraissant ne dater que de guère plus d’un siècle».  A.D. DENISE  in  « Nouvelles Études Historiques, Anecdotiques et Archéologiques sur la ville de L’Isle-Adam ». 1907.

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" ...Cette église, que l'on dit avoir été précédée d'une autre très ancienne, était entourée d'un vaste cimetière qui s'étendait jusque dans le parc de Cassan et était borné à l'ouest par le chemin de la Madeleine. En crainte de la profanation des Normands, on s'y faisait enterrer de Saint-Denis et même de Paris.

Le presbytère, situé à droite, en haut de la rue Saint-Martin, avait autour de ses bâtiments un grand terrain clos de murs, avec dans le bas, joignant la rue du Martray, un lavoir et un étang poissonneux. les restes de l'ancienne cloture de ce champ se voient encore dans la ruelle dite du "Champ-Crochu...".  Ernest-Louis RENET-TENER (1845-1925), ancien maire de l'Isle-Adam 1895-1896, in : " L'ISLE-ADAM, ses châteaux et ses domaines". Juin 1916.

 

Au XXème siècle, des « cercueils en pierre » ont été retrouvés dans le cimetière autour de cette église.

 

D’autre part, lorsque les égouts de la rue de la Madeleine ont été réalisés, en creusant, plusieurs ossements ont été découverts.

 

 

Les Prieurs et Curés de l’Eglise de Nogent

 

Les différentes chartes retrouvées dans les archives ne mentionnent que quatre Prieurs et Curés desservant cette paroisse :

 

En 1222, 1223,1225, GEOFFROI est indiqué Doyen de Nogent près L’Isle-Adam dans une rente pour l’Abbaye du Val à Mériel.

En 1416,  PIE était Chapelain, curé de Nogent. Cité par Joseph Depoin in « Livre de Raison de l’Abbaye St Martin de Pontoise». ( J. FORT )

Le 16 août 1539, Maître Jean FOUDIS était curé de St Martin de Nogent ( J. FORT ) 

De 1540 à 1548  Michel DAINCOURT fut le dernier curé de Nogent. 

 

NB. En 1565, Pierre MASSIN est indiqué Prieur de Notre-Dame de L’Isle-Adam, curé de Saint-Martin de L’Isle-Adam et de Nogent. In « Les épreuves de l’Église de France au XVIème siècle » de Victor CARRIÉRE.

 

Ce qui reste aujourd’hui de l’Église de Nogent et de son cimetière

 

 

 Eglise Nogent 3 Eglise Nogent 4

Vestiges de l’ancienne église de Nogent qui se trouvent dans le jardin de l’actuelle église.

 

Eglise Nogent 5                    tombe Nogent

Croix de tombes qui se trouvaient dans l’ancien cimetière autour de l’église de Nogent.

Collection d’un particulier.

 

 

Comment se représenter cette église de Nogent ?

 

Il est possible de la comparer à cette église du 14ème siècle (Alleyrat, Corrèze), dont photos ci-dessous, qui est composée d’une nef unique romane et se termine à l’est par une abside pentagonale voutée en cul de four.

 

église Corrèze 4 église Corrèze 2

 

Comme pour la plupart des églises, son entrée était à l’Ouest, l’autel et l’abside se trouvaient à l’Est, dirigés vers l’Orient, symbole du soleil levant.

 

Sur l’acte de vente de l’église de Nogent en date du 9 octobre 1793, la surface totale du terrain peut être évaluée à 3.313 m2. La surface au sol de l’église de Nogent devait faire environ 9 m x 7 m, proche de 65 m2. Elle ne pouvait contenir plus de 70 paroissiens.

 

L’Église dans la vie des Nogentais.

 

Les paroissiens devaient donc gravir le sentier en pente qui menait à leur église, montée peu aisée pour les personnes âgées et le chemin était long de la Grande Rue de Nogent à l'église !

L’actuelle « rue Saint-Martin » se nommait avant « rue de la Procession ». Elle descendait de l’église de Nogent jusqu’à la Grande Rue de Nogent.

 

Chaque année, la fête de la Sainte-Madeleine donnait lieu, le dimanche qui suivait le 22 juillet, à une procession qui partait de l’église de Nogent, passait par la rue de la Madeleine, puis au-dessus du Vivray et rejoignait la chapelle de Stors, elle aussi sous le vocable de Sainte-Marie-Madeleine, construite en 1291.

 

Un vieux presbytère, avec ses dépendances et son puits, se trouvait à proximité de l'église de Nogent. On retrouve actuellement son emplacement à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue de la Madeleine :

ancien passage sous église de Nogent

 

 

 

Plans chronologiques de la situation de l'église de Nogent

 

 

église de Nogent Plan 1709 Doc2

Plan Nogent 1709.   A noter le chemin qui arrive à l'entrée de l'église.

 

 

plan 1745 Nogent

Plan Atlas Trudaine 1745.     A noter les bâtiments derrière l'église.

 

Carte 1780 église de Nogent

Plan Conti 1780.      A noter le projet de voie du dernier Prince de CONTI.

 

Isle Adam Nogent 1806

plan partiel de Nogent 1806

 

église de Nogent plan cadastral 1826

 Plan cadastral 1826

 

L’Histoire de cette église de Nogent peut se résumer ainsi :

 

Une première église semble avoir été édifiée à Nogent après 832, date à laquelle le Roi CHARLES -le-CHAUVE attribua les terres, le village et la forêt aux Bénédictins cisterciens de l’Abbaye Royale de Saint-Denis, dont la fondation date de 451. Déjà, depuis plusieurs siècles, un vaste périmètre servait de nécropole, puisque plusieurs tombes mérovingiennes et carolingiennes y ont été découvertes. Les moines de l'Abbaye de Saint-Denis y vinrent pour ensevelir leurs défunts.

 

Ce cimetière englobait la partie sud-sud-est de Cassan, les rues Saint-Martin, Bernier, Champ-Crochu, sente Louvet et au dessus de la rue de la Madeleine. Nous ne savons où situer exactement cette église, certaines légendes la placent sur les hauts du Parc de Cassan. L'arrivée des Vikings à la fin du IXème, principalement en 886, causa la ruine de cette première église.

 

Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 entre le Roi de France, CHARLES-le-SIMPLE et ROLLON, le chef des Wikings, une période d'accalmie a suivie. Les nogentais ont pu reconstruire leur église, plus au sud que la première, en haut de leur village, parmi les tombes ancestrales. Considérant le plan de 1709, le plus ancien retrouvé, il est probable que le presbytère et ses annexes se trouvaient au début de la rue Saint-Martin, juste en dessous du carrefour avec la rue de la Madeleine. L'entrée en forme d'impasse existe toujours.

 

Par ses dimensions, cette église ressemblait plutôt à une chapelle. Elle ne pouvait contenir plus de 70 paroissiens nogentais, mais Nogent, à cette époque, devait avoir près de 300 habitants. Sans compter les enfants en très bas âge et les vieillards impotents, elle devait être suffisante.  

 

 

Vers 1120, cette église de Nogent fut rattachée à la puissante Abbaye Saint-Martin de Pontoise et dépendait de l'Évêché de Beauvais. Le Pape confirmera ce rattachement en 1142, puis en 1170. Elle le restera jusqu'à la Révolution.

 

En 1300, l'Évêque de Beauvais transféra la Cure de l'église Notre-Dame du Prieuré Saint-Godegrand qui se trouvait dans l'Ile.

 

20 ans plus tard, il est précisé que la chapelle du château du Seigneur de L'ISLE n'était pas une paroisse et qu'elle dépendait pour moitié de l'église paroissiale de Nogent et pour l'autre moitié de celle de Jouy-le-Comte. La chapelle de la léproserie rue Saint-Lazare dépendait du Prieur de l'église de Nogent.

 

Vint la guerre de Cent-Ans et ses exactions. En 1360, l'église de Nogent fut pratiquement détruite par des soldats anglais revenant de combattre en Normandie. Il fallut la reconstruire.

 

Au début du XVème siècle, la dîme, impôt en faveur de l'Église, appartenait pour un tiers à l'Abbaye Saint-Matin de Pontoise, un tiers au Prieur du Prieuré Saint-Godegrand de l'Isle-Adam et le dernier tiers au curé de l'église paroissiale de Nogent.

 

L’église de Nogent, en mauvais état, devenait trop petite et trop excentrée eu égard à l’essor démographique de Nogent, mais surtout du bourg de L’Isle-Adam qui se développait plus rapidement à cause de son château. Il fallait donc envisager soit de l’agrandir en y faisant des travaux très importants, soit d’en bâtir une nouvelle. Cette seconde solution fut retenue par Louis de VILLIERS de L’ISLE-ADAM élu évêque de Beauvais depuis 1487. D’autre part, Antoine de VILLIERS de L’ISLE-ADAM, Seigneur du lieu et frère aîné de l’évêque, souhaitait que cette nouvelle église soit située proche de son château. Les travaux débutèrent vers 1490.

 

La Cure paroissiale fut transférée en 1539 de l'église de Nogent à l'église de l'Isle-Adam. son dernier curé fut Michel DAINCOURT.

 

Devenue simple chapelle, la messe et certaines fêtes continuaient à y être célébrées, mais faute d'entretien, le bâtiment se détériorait d'année en année, au point que les habitants de Nogent se plaignaient encore en 1658.

 

Cela alla vraisemblablement de mal en pis, car lors des ventes Nationales à la Révolution, l'église était devenue une ruine. Cette ruine fut démolie en 1860.

 

Il n'en reste plus rien. Une maison a été construite sur le terrain, pratiquement là où se trouvait cette petite église de Nogent. 

 

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Sources :

Archives Nationales

Archives Départementales du Val d’Oise

Archives Départementales de l’Oise

Archives Paroissiales de l’Isle Adam

Ernest-Louis RENET-TENER   in  « L’Isle-Adam,  Ses Châteaux et ses Domaines ». 1916

Joseph DEPOIN  in  « Le Livre de Raison de l’Abbaye de Saint-Martin de Pontoise ». 1900

J. FORT in « L’Isle-Adam ». Mémoires de la Société Historique et Archéologique de Pontoise du Val d'Oise et du Vexin. 1878

Abbé Jean-Baptiste GRIMOT  in « Notice Historique et Archéologiques sur l’Église paroissiale de l’Isle-Adam ». 1879.

Abbé Jean-Baptiste GRIMOT in « Histoire de la Ville de L’Isle-Adam ». 1884

Eugène DARRAS in « Les Seigneurs Châtelains de L’Isle-Adam de 1014 à 1814 ». 1939

Alexandre-Désiré DENISE in « Études Historiques, Archéologiques et Anecdotiques sur la ville de L’Isle-Adam ». 1906

Alexandre-Désiré DENISE in « Nouvelles Études Historiques, Anecdotiques et Archéologiques sur la ville de l’Isle-Adam ». 1907.

Pierre TERVER in « Le Dernier Prince de Conti à L’Isle-Adam 17786-1789 ». 1987

 

Claude AUBOIN

L'Isle-Adam, le 16 mai 2015

 

 

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